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escadronsmort
Description du blog :
Informations sur les activités des escadrons de la mort actifs en Pays Basque de 1975 à 1987.
Catégorie :
Blog Politique
Date de création :
06.11.2012
Dernière mise à jour :
08.11.2012
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GAL : Pierre, policier français, vendait à la police espagnole des informations sur les réfugiés basques en Iparralde
Enbata n°1618 de mars 2000
Le policier Rafael Barranco vient de faire le 29 février à l'Audiencia nacional, ces révélations au procès fleuve sur l'enlèvement à Bayonne des réfugiés politiques Lasa et Zabala. Une centaine de témoins à charge et à décharge, ont défilé à la barre depuis plus d'un mois dans un des dossiers les plus lourds du GAL. Hauts fonctionnaires et policiers dont le général de la guardia civil Rodriguez Galindo sont inculpés pour enlèvement, séquestration, tortures et assassinat des deux jeunes Basques, en octobre 1983 rue Pontrique à Bayonne
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IENDRA, viendra pas... Enfin le policier Rafael Barranco s’est présenté en tant que témoin à l’Audiencia nacional le 29 février. Devant les juges, il a indiqué comment en 1983, à la demande expresse de sa hiérarchie —le grand patron de la police en Gipuzkoa, Paulino Garcia— il a noué des liens amicaux avec des policiers français qui lui ont fourni un certain nombre de renseignements sur les réfugiés basques en Iparralde. En particulier des numéros d’immatriculation de véhicules.
2.000 à 4.000 francs -Selon le policier Rafael Barranco, ces informations étaient transmises au gouvernement civil du Gipuzkoa (préfecture) où le policier Angel Lopez Carrillo les tapait à la machine en trois exemplaires: l’un destiné à la police, l’autre au patron de la guardia civil à la caserne d’Intxaurrondo, Enrique Rodriguez Galindo, et le troisième entre les mains du gouverneur civil Julian Elgorriaga. Ces informations avaient une contrepartie financière. Rafael Barranco raconte à la barre comment, un jour, il remit au gouverneur civil du Gipuzkoa un agenda téléphonique fourni par ses collègues français. Il en fut félicité par ses supérieurs car il contenait des éléments, à leurs yeux, de la plus haute importance: «Elgorriaga me donna une enveloppe avec 2.000 ou 4.000 francs pour Pierre», qui n’est autre que le policier français lui ayant remis la précieuse trouvaille.
Une gerbe pour Guy Metge - Rafael Barranco affirme que Galindo lui donna tous les mois une enveloppe avec une somme importante pour rémunérer la collaboration française. Le général Galindo a aussitôt nié ces accusations devant le tribunal.
Dans le dossier, figurent des documents fournis par le policier Rafael Barranco et qui confirment ces relations: un reçu pour l’achat de la gerbe de fleurs payée par le gouverneur Elgorriaga lors de l’enterrement de Guy Metge, un commissaire de la PAF d’Hendaye décédé dans un très étrange accident de la circulation et qui figurait parmi les collaborateurs réguliers de la police espagnole. Ou encore, le télégramme de remerciement envoyé par le commissaire Joël Cathala.
Rafael Barranco précise que son rôle se poursuivit lorsque Elgorriaga fut nommé délégué du gouvernement espagnol dans la Communauté autonome basque. Jusqu’en 1987, il se rendait à Gasteiz pour transmettre les informations, puis le gouverneur civil lui demanda de travailler directement avec le général Galindo, ensuite il fut muté hors du Pays Basque.
Pressions et menaces - Rafael Barranco est revenu sur d’autres déclarations qu’il avait faites durant l’instruction. Il fait l’objet de nombreuses pressions et menaces. Sa venue le 29 février à l’Audiencia nacional n’a pas été chose simple. Annoncée deux fois, sa comparution a été reportée en raison, officiellement, d’un pincement lombaire puis d’un état dépressif. Le tribunal a dû utiliser les grands moyens —une menace d’incarcération— pour finalement décider ce policier à venir depuis les Baléares où il se trouve en poste. Rafael Barranco s’était vu confier à l’époque cette mission auprès des policiers français en raison de sa bonne connaissance de la langue française.
Le 24 janvier, le policier Angel Lopez Carrillo a confirmé devant l’Audiencia nacional que, à la demande du commissaire Paulino Garcia, il était chargé de rencontrer des policiers français. Des réunions eurent lieu avec deux d’entre eux, il leur demanda des informations sur les réfugiés basques en Iparralde. Le projet d’enlèvement de trois militants basques connus —Txomin Iturbe, Eugenio Etxebeste et Juan Lorenzo Lasa Michelena— fut clairement envisagé. Des projets qui étaient dans l’air du temps à l’époque, comme le confirme à la barre le 1er mars, Francisco Alvarez. Ce directeur du MULC (Direction de la lutte anti-terroriste) avoue que son supérieur hiérarchique, Julian Sancristobal (directeur de la sécurité au ministère de l’Intérieur), lui donna l’ordre en 1983 de préparer l’enlèvement du réfugié Larretxea Goñi à Hendaye, puis de Segundo Marey. Ce qu’il fit avec les brillants résultats que l’on sait, puisque trois membres des GEO (le GIGN espagnol) furent arrêtés par les policiers français et libérés dans des circonstances particulièrement troubles sur le plan judiciaire.
Autre grand moment dans ce procès fleuve, la comparution le 16 février de Juan Alberto Perote, chef du service Action des missions spéciales du CESID (services secrets) de 1983 à 1991. Perote a remis aux magistrats les documents originaux des archives du CESID qui montrent l’implication de Galindo et de ses hommes dans l’enlèvement de Lasa et Zabala ainsi que dans d’autres affaires du GAL.
La «taupe» du CESID - Une «taupe» du CESID —le sergent Pedro Gomez Nieto— était infiltré dans la caserne d’Intxaurrondo. Perote présente la retranscription d’un enregistrement de conversations entre Galindo et Gomez Nieto, le fameux document fondateur du GAL réalisé par les services du CESID (traduction intégrale dans Enbata n°1392) ou encore différentes notes top secret annonçant la mise en route imminente des actions du GAL en Pays Basque Nord. Bien entendu, Alberto Perote avait, pendant et après qu’il se soit «mis à table», reçu de la part du général Galindo, de l’avocat Argote, du secrétaire d’Etat à la sécurité Rafael Vera et du gouverneur Elgorriaga de très nombreuses incitations à «la prudence». Accompagnées de promesses de fortes compensations économiques en espèces sonnantes et trébuchantes.
Soudaines amnésies - Tout au long de ce défilé de témoins, rétractations et aveux, menaces, reniements, coups de fil anonymes et tentatives de cambriolage, pressions physiques et morales, amnésies ou soudaines remémorations, sont revenus quotidiennement. Un contexte, une ambiance très particulières qui en disent long sur les mœurs de tout ce beau monde: ministres, secrétaire d’Etat, hauts fonctionnaires, avocats, militaires, policiers de tous grades, barbouzes, trafiquants..., un panier aux crabes sans précédent. Chacun défend sa peau, implique ou protège le voisin, policiers et fonctionnaires de différents services essayant de préserver au mieux leurs intérêts en fonction des stratégies ou des alliances du moment. Beaucoup se réfugient derrière la dénégation pure et simple. En règle générale, ceux qui ont déjà été condamnés sont les plus bavards sur cette page particulièrement sombre des relations entre le Pays Basque et l’Espagne.
Ces semaines de procès se sont déroulées en présence, discrètement dans la salle, du général Andrés Cassinello, ex-chef de l’état-major espagnol qui fit ses classes dans les meilleures écoles nord-américaines de contre-terrorisme. La presse a remarqué ses démarches de soutien auprès de nombreux témoins et accusés. Inspirateur du plan ZEN, le général Cassinello demeure célèbre pour avoir déclaré qu’il préférait la guerre à l’indépendance du Pays Basque.
Un GALeux de la guardia civil prend du galon
Le lieutenant colonel de la guardia civil Felix Hernando vient d’être nommé à la tête d’un service d’élite et très convoité: l’Unité centrale opérationnelle de la guardia civil. Or, Felix Hernando est impliqué dans l’affaire de fonds secrets du gouvernement —non encore jugée— où il est accusé d’avoir participé, avec deux autres hauts fonctionnaires, au versement de 200 millions de pesetas à Amedo et Dominguez condamnés pour leur participation au GAL. Récemment, le ministre de l’Intérieur Mayor Oreja avait in extremis —du fait de cette implication— suspendu la décision d’accorder la «Cruz del Merito» à Felix Hernando.
Les «répercussions positives» du GAL
«Docteur No», Emilio Alonso Manglano, directeur général des services secrets du CESID de 1981 à 1996, fait semblant d’ignorer beaucoup de choses sur le GAL et nie les autres pour des raisons «éthiques» mais aussi «politiques»... Toutefois, son appréhension de la guerre sale en Pays Basque Nord en a surpris plus d’un le 11 février quand il a déclaré à l’Audiencia nacional que le GAL «avait eu certes des effets négatifs, mais il y a eu aussi des répercussions positives».
Des policiers français touchaient des pots-de-vin
Le policier espagnol Rafael Barranco a déclaré le 29 février aux juges de l'Audiencia nacional qu'il obtenait contre d'importantes sommes d'argent versées à des policiers français, des informations sur les réfugiés politiques basques vivant en Pays Basque Nord au début des années 80. (...)
Ce n'est pas la première fois qu'un policier espagnol fait état de telles pratiques devant les tribunaux. Deux victimes du GAL ont demandé auprès du tribunal de Bayonne l'ouverture d'enquêtes judiciaires sur des faits similaires. Un magistrat en poste hier à Bayonne a fait, il y a deux ans, des déclarations à la presse sur les liens de policiers français avec le GAL.
Oroit eta sala qui défend les droits des victimes du GAL, demande que toute la lumière soit faite sur ces affaires. La raison d'État toute puissante ne doit pas écraser l'exigence de justice et de démocratie en Pays Basque.
Oroit eta sala